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L’objectif de ce blog est de permettre aux lecteurs de mon premier roman « Soif de Liberté », publié en mai 2016 et "Meurtres en Modulation de Fréquence" qui vient de paraître, de débattre avec l’auteur et entre eux, autour des ouvrages.

05 Sep

Interview LusoJornal

Publié par Albert de Morais

https://lusojornal.com/tony-cardoso-afirma-que-a-extrema-direita-tentou-controlar-a-radio-alfa-no-seu-inicio/?fbclid=IwAR1LvW0MZJoNnYFXJlkj5tgN5bS-y5Uwa4GuzOGjanMeVxAHztUrxSbWXrk

 

Répondant favorablement aux multiples familles de lecteurs que je tiens à remercier d’avoir la patience de me lire, voici la traduction dans la langue de Molière (rapide et néanmoins libre et fidèle) de l’interview que j’ai eu le plaisir de concéder au journal portugais Luso Jornal.

 

 

TONY CARDOSO AFFIRME QUE L'EXTRÊME DROITE A TENTÉ DE CONTRÔLER LA RADIO ALFA DÈS SA CRÉATION

 

António de Morais Cardoso, l'un des fondateurs de Radio Alfa à Paris, vient de publier un livre intitulé "Meurtres en modulation de fréquence" qu'il signe sous le nom d'Albert de Morais, aux éditions du Douro.

C'est un roman policier avec une intrigue impliquant des morts, un évêque qui a violé des mineurs, des commissaires de police français et des agents du KGB... mais c'est aussi un document crypté sur l'histoire de l'émigration portugaise en France et en particulier sur la légalisation des radios libres dans les années 1980. Crypté parce que dans le livre, le personnage principal crée une radio bretonne à Paris.

António Cardoso ne se considère pas comme un écrivain. "Disons que je suis un auteur qui aime écrire, qui aime la littérature, et que j'ai écrit deux livres, mais d'ici à 70 ans - et je ne suis pas loin - qui sait si on peut me qualifier d'écrivain. Pour l'instant, je ne suis qu'un simple et modeste auteur qui a écrit deux livres", dit-il dans un entretien avec Luso Jornal.

Le premier livre "Soif de Liberté" est sorti en 2016 et le second, "Meurtres en modulation de fréquence", a été publié le 1er septembre.

 

La restauration a été son premier métier en France

António Cardoso est né à Alijó, mais il est parti à Lisbonne quand il était encore un petit garçon : "Dès l'âge de 15/16 ans, il y a eu des groupes qui ont commencé à parler de politique et j'ai eu plusieurs fois des problèmes avec la Garde Républicaine (Gendarmerie) et à un moment donné, mes parents et moi, nous avons considéré que la meilleure solution était que je fasse comme des milliers de garçons de mon âge et que j'aille chercher d'autres aventures en dehors du Portugal". Il arrive à Paris à 18 ans et travaille dans des restaurants, des établissements prestigieux, suit une formation dans une école hôtelière puis ouvre quelques restaurants. "J'en ai ouvert pour une société d'hôtellerie et de restauration très connue" et a créé son propre restaurant, le Petit Cardoso, qui était très connu dans les années 80 sur la place de Paris. De grands noms du fado et de la musique légère portugaise, comme Carlos do Carmo, Ada de Castro ou Tony de Matos, y sont passés.

Le personnage principal du livre, Alban, est également restaurateur. "Disons que c'est le regard du narrateur sur quelqu'un qu'il connaît bien", dit-il en souriant. "Je ne peux pas nier, bien sûr, que c'est une partie de ma vie, qui a été romancée en fonction des circonstances que je veux ou non divulguer. Je ne peux pas nier que c'est basé sur ma propre histoire", confie-t-il dans une interview en direct avec LusoJornal.

 

Cofondateur d'Alpha Radio

Dans les années 1980, il y avait de nombreuses "radios libres" en France. On les appelait aussi des radios "pirates" parce qu'elles n'étaient pas légalisées.

À l'époque, António Cardoso avait accepté d'installer une antenne radio dans le bâtiment où se trouvait le restaurant, le câble passant par les tubes d'extraction de la fumée. "Ce fut un drame parce qu'à côté il y avait une sorte de congrégation religieuse et ces gens ne pouvaient plus regarder la télé parce qu'il y avait des interférences", raconte-t-il à LusoJornal. "La police est venue, c'était une grosse déception. L'expérience a duré 3 ou 4 mois, mais j'ai trouvé cela très drôle et j'ai décidé d’attendre une nouvelle opportunité".

L'occasion ne s'est pas fait attendre. Une amie à qui il avoue vouloir créer une radio lui présente Rogério do Carmo, qui lui présente ensuite Fernando Silva, Jaime Mendes, Artur Silva et Helena Machado, tous cofondateurs de la radio. "Nous nous sommes rencontrés dans mon restaurant pendant des mois et c'est ainsi que la radio Alfa a été créée".

 

Une promesse de Mitterrand

À l'époque, trois radios portugaises étaient en région parisienne. Radio Clube Português, Radio Églantine et Radio Portugal no Mundo. François Mitterrand avait promis pendant la campagne électorale, en 1981, qu'il légaliserait les "radios libres", mais "Mitterrand a mis 6 ans à tenir sa promesse", explique António Cardoso. "Toutes les radios détentrices ou pas d’autorisation d’émettre devaient présenter des projets demandant l’attribution d’une fréquence à partir de 1987. Apparemment, Radio Églantine et Radio Clube Português ont présenté des projets, ce qui ne fut pas le cas de Radio Portugal no Mundo". António Cardoso est convaincu que ces deux projets ne sont même pas passés à la phase d'analyse "parce qu'ils étaient incomplets", mais il dit qu'au total, il y a eu 6 projets de radio pour la communauté portugaise, dont celui de Radio Alfa.

Radio Alfa n'a obtenu qu’une "demi-fréquence", elle ne pouvait émettre que 12 heures par jour, entre 5h et 17h, partageant la fréquence avec une radio africaine, Tabala FM.

 

Mis de côté par l'extrême droite

Lorsque Radio Alfa a commencé à émettre le 5 octobre 1987, António Cardoso n'était pas à la radio. "J'ai été absent entre juillet et début octobre", confirme-t-il. "C'était une absence forcée pendant 3 mois".

L'histoire est racontée dans le livre, mettant en scène des personnages bretons à Paris, mais à LusoJornal, António Cardoso affirme que l'extrême droite française a tenté de reprendre le contrôle de la station de radio.

"Un groupe de personnes qui entre-temps avait infiltré la radio savait que celle-ci allait être autorisée. Ils l’ont appris à partir d'informations provenant de l'intérieur de l'organisme chargé d’attribuer les fréquences. Ils ont alors convaincu mes collègues fondateurs, dont bien sûr le président Jaime Mendes, que je n'étais peut-être pas la personne la plus adéquate pour poursuivre l'aventure. Ils ont donc mis en place une sorte de conseil d'administration et ont décidé de me supprimer des statuts de l’association à la fin du mois de juin", raconte-t-il au LusoJornal. "Je n'ai su que plus tard que la radio allait être autorisée. C’est alors que je suis allé voir tous ces gens, avec qui j'avais eu quelques réunions entre-temps - je parle de crapules, je n'ai aucun problème à le dire aujourd'hui - des gens liés au Front National, qui étaient proches d’une personne appartenant à la CNCL qui leur donnait toutes les informations".

L'histoire est claire dans le livre qui vient d'être publié, bien que de manière cryptée, car il s'agit d'une radio bretonne à Paris, mais António Cardoso confirme qu'au début de Radio Alfa, le Front National a essayé de contrôler la radio. "Des articles dans ce sens ont été publiés dans Le Monde, dans Libération... J'ai toutes les archives, j'ai des documents sur tout ce que j’affirme".

Finalement, António Cardoso a réagi et a réussi à récupérer son siège au sein du conseil d'administration de la radio.

 

Une radio associative

À ses débuts, Radio Alfa était une radio à statut associatif. Cela signifie que son budget ne pouvait comporter que 20 % de publicitaire. C'était peu, de l'avis des dirigeants de la radio. Ils ont alors décidé de mettre en place un "système parallèle" : créer une société qui vendrait la publicité et paierait directement les employés, afin que l'argent ne passe pas par la radio.

"Je dois avouer que je ne suis pas l'auteur de ce schéma", a déclaré António Cardoso à LusoJornal, expliquant qu'il s’était inspiré de Radio Oriente et d'autres radios parisiennes. "Radio Oriente et d'autres radios du même type fonctionnaient ainsi, compte tenu de cette difficulté d'un budget avec seulement 20% de publicité. Les 80% restants devaient être soit des subventions, soit des dons. En fait, le gouvernement français lui-même s'est très vite rendu compte que c’était impossible et a donc fermé les yeux sur ce genre de pratiques".

Aujourd'hui encore, les trois radios qui diffusent 24 heures sur 24 en portugais sont des radios associatives et obéissent à cette règle de ne disposer que de 20 % des recettes publicitaires - Radio Arc-en-ciel à Orléans, Radio Antena Portuguesa à Tours et Radio Altitude à Clermont-Ferrand. "Mais ces règles n'étaient pas adaptées à des radios qui voulaient avoir une plus grande projection et avaient des ambitions d'une autre nature qui n'étaient pas si associatives" avoue António Cardoso.

 

Une radio "presque" commerciale

António Cardoso avait pensé à ce modèle, mais avant que Radio Alfa ne commence à émettre, il dit que "les personnes qui avaient pris le contrôle Radio Alfa" ont créé la société Alfa Production : "Le début de la radio a évidemment été financé par cette société. L'association n'avait pas les moyens d'acheter tout le matériel. Elle n'avait qu'un prêt d'adhésion qui lui permettait d'acheter du matériel de studio, mais ce n'était pas suffisant pour ce qui était nécessaire. Vous avez notamment besoin d’émetteurs... c'est un coût important et c’est cette société l'a financé".

Après le retour de Tony Cardoso à radio Alfa qui s’en est suivi par la rupture avec les personnes qu'António Cardoso classe à l'extrême droite, la société Alfa Promotions a été créée et a commencé à commercialiser, en exclusivité, la publicité de la station portugaise.

Pendant cette période, les trois radios associatives qui n'avaient pas été autorisées à émettre se sont manifestées, ont créé une fédération qu'elles ont appelée Portugal FM et ont commencé à partager l'antenne avec Radio Alfa, remplaçant le temps qui avait été initialement alloué à Radio Tabala FM. Il y avait alors une fréquence entièrement en portugais.

 

Lors de l'appel de candidatures suivant, Radio Alfa a commencé à émettre 24 heures sur 24, est devenue une radio commerciale, sans limitation de ventes publicitaires et le propriétaire du projet est devenu la société Alfa Diffusion. "C'était presque une imposition de l'autorité de régulation, même s'il n'y a rien d'écrit", dit António Cardoso. "Avec le président d'Alfa, qui était à l'époque Victor Esteves, nous avons décidé qu'il fallait chercher des investisseurs pour que la radio soit autorisée. C'était la seule chance, il n'y avait pas d'autre. Nous avons dû construire un nouveau modèle de radio".

 

La maison d'édition du Douro

António de Morais Cardoso a également dirigé le Jornal Encontro das Comunidades, qui avait été fondé par Jaime Ribeiro et a ensuite fondé la chaîne de télévision CLP TV - ce qui sera probablement le sujet du prochain livre.

En 2016, il crée les Éditions Douro, en hommage à la région qui l'a vu naître.

Compte tenu des difficultés de l'édition de livres, António Cardoso a décidé, lorsqu'il a écrit "Soif de liberté", de recourir au financement participatif "et comme il me restait un surplus d'argent, il a servi à créer cette société d'édition. Je suis à la retraite, mais j'ai besoin de travailler", dit-il en souriant.

"Meurtres en modulation de fréquence" est le neuvième livre de l'éditeur qui a depuis établi un partenariat avec Hachette pour la distribution. En fait, les prochains ouvrages qui vont être publiés seront des poèmes.

"Il ne s'agit pas seulement du Portugal, mais aussi d'auteurs français, suisses et belges, mais j'aimerais créer une collection que j'appellerais "D'ici et d'ailleurs" pour publier des œuvres de personnes venues d'autres horizons et qui ont contribué à l’enrichissement de ce pays. Je parle, bien sûr, des Portugais, qui sont ceux qui m'intéressent le plus parce que je suis un amoureux inconditionnel du Portugal, mais aussi des Polonais, des Italiens, des Espagnols, après la guerre civile... des gens qui ont ces deux expériences, cette presque double citoyenneté pour certains, comme dans mon cas, qui parlent de leurs racines".

L'appel est lancé.

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À propos

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